Jean-François Colleter
Le Télégramme du 2 décembre 2008
Les mémoires d'un îlien de souche
Récit personnel et histoire contemporaine
Son manuscrit rassemble ainsi une collection d’épisodes où s’entremêlent récit personnel, généalogie subtile de l’île et histoire contemporaine. Un véritable petit trésor que l’auteur a confié à sa petite-fille, Sylvie Verdi. Consciente de la valeur de ce témoignage, cette responsable de centre de formation a décidé, voilà deux ans, de le publier à compte d’auteur sous l’appellation « Histoires de Houat ». Sylvie Verdi souligne qu’il s’agit « du premier livre jamais écrit par un Houatais de souche sur l’histoire de Houat au XX e siècle ». Mais il lui a fallu, aussi, documenter et compléter le texte de son grand-père en effectuant de minutieuses recherches.
Un chapitre en particulier a nécessité un gros travail de vérification aux Archives nationales : celui où l’auteur évoque le destin de Marie-Anne Le Gurun, une Houataise qui a hébergé des chouans pendant la Révolution. Née dans une geôle de la capitale, sa fille, Marie-Françoise, a été surnommée « la Parisienne ». Elle est l’aïeule d’un grand nombre de Houatais, dont René Scouarnec.
Fils de l’île de Houat et ancien officier de la Royale, René Scouarnec a pris sa plume à 89 ans pour écrire ses mémoires. Un témoignage que sa petite-fille publie cette semaine à compte d’auteur. Rencontre.
René Scouarnec a désormais 97 ans et coule des jours paisibles à la maison de retraite de Plougasnou (29). C’est en 2000 que ce Houatais de souche et de cœur décide de prendre son stylo pour raconter sa vie et parler de son île.
En quelques semaines, l’ancien officier des équipages noircit 300 feuillets fourmillant d’anecdotes. Il y parle de son enfance au Havre et à Cherbourg, de son adolescence heureuse à Houat, de ses pérégrinations en Afrique du Nord et de la reprise de l’unique magasin de l’île, la célèbre « Boutique ».
« Je repense sans cesse à Houat »
Mais quelle mouche l’a piqué à l’aube de ses 90 printemps pour susciter une telle frénésie d’écriture ? « C’est simple : je repense sans cesse à Houat, dit-il. Je me souviens de mes virées sur la côte avec les copains. Nous jouissions d’une liberté totale. Le fait d’écrire m’a permis de revivre tous ces moments ».
À entendre René Scouarnec, on devine que son envie de se faire plaisir a été plus forte encore que sa volonté de transmettre son histoire.
Une certaine jubilation se lit sur son visage lorsqu’il raconte comment ses compatriotes houatais, en 1925, ont mystifié les douaniers de Quiberon en enterrant dans leurs jardins de l’excellent porto échoué à la côte par barriques entières. Sur les murs de son petit appartement, à Plougasnou, des cadres conservent précieusement les images d’un passé toujours vivace dans son esprit.
Une photo montre le pensionnaire en tenue de capitaine de frégate. C’était il y a près d’un demi-siècle. « Juste avant mon départ à la retraite », précise René Scouarnec qui a vécu à Dakar pendant la guerre 39-45 et en Tunisie à la veille de l’indépendance du pays.
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